En déplacement du côté de Chambéry , j'avais un créneau libre avant mon retour sur Grenoble. J'en ai donc profité pour faire un saut à la concession Run Motos que je ne connaissais pas. On y fait Suzuki, mais aussi Aprilia et Moto Guzzi ! Venu là sans aucune arrière-pensée, voilà que le vendeur me propose, après 27 secondes et deux dizièmes seulement, un essai de la Moto Guzzi California 1400 qui trône dans le hall d'exposition ! Comme je suis faible et j'ai été obligé d'accepter ! Il s'agit là d'une version Touring, la version custom n'étant pas encore disponible dans la plupart des concessions. Pas grave, je m'en "contenterai", et cela donnera de toutes façons une vision juste de ce que vaut cette moto. On me sort gentiment la machine, puis on la démarre pour moi. Quel joli son : moteur et échappement contribuent à une mélodie assez typiques Guzzi et bien plaisante. Explications des différent modes (Touring, Sport, Pluie) accessibles en roulant depuis le commodo de démarrage et on me laisse partir... Je vous avoue que, malgré mon habitude des grosses motos, ce n'est pas sans une certaine petite appréhension qu'on prend le guidon d'une moto de ce genre. Plus que le poids, c'est surtout le gabarit (largeur avec la bagagerie incluse) qui impressionne et je garde bien en tête de faire gaffe pour éviter une Lolo Cochet FJR Spéciale ! J'enclenche la première mais suis pris d'un énorme doute : pas le moindre klok ni à coup... Je suis obligé de vérifier au tableau de bord sur l'indicateur de rapport engagé que la vitesse est bien verrouillée. Mazette, ça change de la boite de char russe de mon VZR !!! Par la suite, durant tout mon roulage, je serai d'ailleurs impressionné par la douceur de la boite et la facilité de passage des rapports. Du vrai beurre ! Notons au passage que les California (Touring et Custom) sont dotées de repose-pieds de type plateforme et d'un sélecteur double branche. Je craignais que celui-ci soit gênant, mais bien au contraire cela s'avère un vrai régal à utiliser Je roule donc en prenant tous types de route : sur voie rapide, la protection du pare-brise s'avère plutôt bluffante, me permettant de cruiser écran de casque relevé jusqu'à 120 km/h. Pour les puristes du style et les balades estivales, ce pare-brise est démontable en quelques minutes assez aisément. Vient alors un passage sur de plus petites routes, tournicotantes. Malgré son poids et son gabarit, la California est déconcertante de facilité. La mise sur l'angle est bien plus aisée qu'avec mon 1800, le comportement en virage est impérial de rigueur. Bien sûr, l'angle que l'on peut prendre demeure limité, mais on peut bien rouler sans inquiétude. Par ailleurs, sur ce bout de route passablement défoncé, je suis très agréablement surpris par l'efficacité de l'amortissement de cette machine. On est loin d'un tape-cul comme le sont parfois les gros customs, là c'est plutôt du pullman ! Comme par ailleurs la position de conduite est très agréable et la selle parfaite, on obtient un confort de tout premier ordre. Quant au freinage, là encore c'est une bonne surprise. Malgré son poids important, la California est bien freinée, très bien même avec un mordant du combiné avant vraiment réel (double disque montage radial + durites avia) et un arrière qui complète parfaitement la mission que constitue l'arrêt d'un engin de 350 kg ! Un point noir néanmoins me concernant : le guidon cornes de vache, un peu incliné vers le bas, me fait adopter une position des bars et mains peu agréable et qui ne me donnent pas une bonne sensation de contrôle du guidon. Par ailleurs, les rétroviseurs sont du coup implantés trop vers l'arrière à mon goût (sans que cela gêne leur efficacité). Mais on doit pouvoir le relever un peu pour changer cela, et surtout la version Custom est dotée d'un autre guidon, plus plat et proche de ce que je connais. En usage urbain, la California Touring reste un gros engin qui, s'il se manoeuvre aisément dès qu'il roule, doit amener à la plus grande circonspection si l'on cherche à se faufiler ainsi que lors des manoeuvres à l'arrêt. Question look, on aime ou pas, mais force est de reconnaître que ça a une sacrée gueule. La bagagerie est bien intégrée et d'un volume sympa, même si les valises ne peuvent engloutir un casque intégral. Le gros bloc compteur est lisible et moi j'aime son look. Quant à l finition, elle est de très très belle facture. Et ce moteur alors ? Parce qu'une Guzzi, c'est aussi et surtout un gros twin ! Il faut avouer que ce 1400 est un monument, avec une esthétique incomparable. Sur la moto, à l'arrêt à un feu, je me régale de mettre de petits coups de gaz qui redressent la moto à coups de couple de renversement ! Au roulage, ce 1400 s'avère bien coupleux et permet d'enrouler en souplesse sur des rapports élevés sans le moindre cognement de bas régime. Bien vibrant, il sait aussi ne pas rechigner à de franches montées en régime (pas trop fort quand même, mon exemplaire est en rodage !) avec un caractère bien latin qui file la banane. La puissance est de 96 poneys, bien suffisantes pour le programme de cette moto car bien disponible à tous les étages. En revanche, ce moteur refroidi par air/huile chauffe et, du fait de la position des cylindres, ça chauffe fort les genoux. En ville en été, ça doit être infernal ! Alors, bilan des courses ? C'est incontestablement une réussite. La California est "facile" pour son gabarit, très belle et bien finie, performante, efficace dans son programme, le tout avec un caractère propre aux motos italiennes... Je me suis régalé. Plus intéressé par la version Custom que cette Touring, je pense que l'allègement dû aux équipements supprimés (pare-brise, phares additionnels, bagagerie) ne peut que lui être bénéfique en termes de comportement dynamique (et d'esthétique en ce qui me concerne !). Également très bien équipée (ABS, contrôle de traction, alarme, 3 modes de carto, régulateur de vitesse...), c'est de la belle ouvrage. Reste la question qui fâche : le prix. Cette moto est chère, très chère même ! Elle en donne sans aucun doute pour son argent, mais cela risque de ne pas forcément faciliter sa diffusion auprès d'un public qui, dans cette gamme de machine et de prix, a plus tendance à aller reluquer du côté de Milwaukee que de Mandello |